Rendre l’énergie intelligente, le défi du nouveau groupe de recherche de l’Idiap

Economiser de l’énergie, lutter contre le réchauffement climatique et mieux gérer les sources d’approvisionnement ? Oui, mais intelligemment. Pour y parvenir, en collaboration avec le Centre de recherches énergétiques et municipales (CREM), l’Institut de Recherche Idiap a mis en place un nouveau groupe de recherche sous le nom d’Energy Informatics.

Le responsable de ce nouveau groupe de recherche sur l’énergie, Jérôme Kämpf a plus d’une corde à son arc. Chef d’entreprise, enseignant, chercheur à l’EPFL et à la HEIA de Fribourg, ses expériences lui permettent d’avoir une vision particulièrement large de son domaine. Il revient sur la création et les enjeux de l’intelligence artificielle liés au domaine de l’énergie.

Pourquoi avoir rejoint l’Idiap et pris la responsabilité de lancer ce nouveau groupe de recherche ?

C’est le CREM avec qui je travaillais qui m’a parlé du poste. Physicien de formation, j’ai vu le lien entre les modèles d’intelligence artificielle et les modèles physiques utilisés dans le domaine de l’énergie. Les outils statistiques de ces univers peuvent s’enrichir mutuellement. En effet, dans mon parcours, j’ai notamment travaillé sur la simulation énergétique 3D de bâtiments en milieu urbain. Dans ce domaine, il y a tellement de paramètres physiques et de données, que l’utilisation de l’intelligence artificielle peut être un véritable atout pour gagner en temps et en efficacité. Un autre domaine d’application est lié au calcul d’indices de confort urbain. Leur caractère subjectif en fait un champ de prédilection pour y appliquer les méthodes statistiques de l’intelligence artificielle.

Avez-vous d’ores et déjà des projets sur lesquels vous souhaitez travailler ?

Jusqu’à fin février, je ne suis qu’à 20% à l’Idiap, mais je suis déjà en train de monter le groupe de recherche. En plus de plusieurs demandes de doctorant ou d’étudiants de master en échange, je travaille sur la façon d’améliorer la visualisation des données énergétiques d’un bâtiment pour que les architectes puissent utiliser ces outils et se rendre compte de l’impact de leur solutions techniques sur le bilan énergétique final. En parallèle, je me consacre aussi à un projet en collaboration avec l’Office fédéral de l’environnement sur la simulation des îlots de chaleur dans la ville de Fribourg, ainsi qu’à un projet Innosuisse sur le contrôle intelligent des réseaux de chauffage à distance. Mon objectif est de soumettre aussi un projet au Fond national suisse (FNS).

Quel est le potentiel de développement de votre groupe de recherche ?

Mon objectif est de proposer une vision holistique de l’énergie grâce aux outils de l’intelligence artificielle. Il existe aujourd’hui de nombreuses données qui ne sont pas exploitées pour améliorer la compréhension de notre consommation énergétique et son optimisation. Par exemple, de plus en plus d’objets connectés peuvent fournir des données de température ou d’humidité à l’intérieur des logements. Ces informations seraient impossibles à obtenir autrement. Un autre exemple dans l’espace public cette fois-ci est lié aux cadastres et à la cartographie. Les données sont disparates et ne peuvent pas encore être pleinement exploitées pour simuler l’environnement d’un bâtiment. Pouvoir recouper les données de Google Street View, du cadastre et d’une photo satellite en utilisant des méthodes de machine learning permettrait d’identifier avec plus de précision les arbres autour d’une construction. Grâce à cela il serait ensuite possible de connaître leur impact sur le bilan énergétique (ombre, protection au vent, etc). Le potentiel de développement est donc énorme.

Site internet : Groupe 'Energy Informatics Idiap'