De nouveaux groupes de recherche pour répondre aux défis sociétaux

Créés en 2022, les groupes de recherche croisée vont stimuler les collaborations entre les groupes de recherche. Leur but est d’avoir un impact sociétal sur le long-terme grâce à une approche mêlant solutions pour les entreprises et recherche fondamentale interdisciplinaire.

La direction avait le projet de créer un nouveau type de structure de recherche il y a déjà plusieurs années. L’idée était de renforcer la capacité de l’institut à stimuler les collaborations, tout en augmentant le transfert de technologies et l’impact sur la société. Incorporé au programme de recherche 2021-2024 de l’Idiap, les groupes de recherche croisée (GRC) ont été approuvés etlancé en 2022. Nous avons rencontré les trois chercheurs à la tête les premiers GRC : Andre Freitas, du groupe Neuro-Symbolic Learning & Reasoning, Sébastien Marcel, du groupe AI for Trust group et Emmanuel Senft du groupe Human-Centered Robotics & AI.

Quel est l’objectif spécifique de votre groupe et pourquoi avoir choisi cette approche ?

Andre Freitas (AF) : Développer des modèles capables d’apprendre de façon plus efficiente et transparente à partir de petites quantités de données hétérogènes est apparu comme une priorité stratégique de la vision future de l’institut : faire plus avec moins. Le GRC Neuro-symbolic Learning & Reasoning a été créé pour refléter ce thème stratégique de l’intégration de la flexibilité des modèles basés sur des neurones avec le caractère interprétable et contrôlable des systèmes symboliques. Fusionner ces deux propriétés pour permettre aux modèles neuronaux actuels, tel que chatGPT, d’être adapté de façon sûre et pour les transférer vers l’industrie.

Emmanuel Senft (ES) : Avec mon bagage en robotique, j’ai une perspective très similaire. Mon domaine de recherche est intrinsèquement multidisciplinaire. J’observe le besoin de connecter différentes expertises techniques. Par exemple, les robots peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques, mais ces usages nécessitent des avancées dans la vision par ordinateur et dans l’analyse du langage qui ne sont pas dans mes domaines d’expertise. De plus, il faut collaborer étroitement avec le corps médical. Inclure d’autres chercheurs spécialisés en intelligence artificielle et les utilisateurs des technologies aide à trouver de nouvelles solutions en robotique ou dans d’autres domaines. C’est pourquoi, avec mon approche multidisciplinaire, lorsque j’ai vu l’annonce pour le poste de GRC, j’ai envoyé ma candidature avec enthousiasme.

Sébastien Marcel (SM) : Ayant déjà un groupe de recherche en sécurité et confidentialité biométriques, je dois souligner que le GRC AI4Trust va au-delà de la biométrie dans le but de répondre aux menaces émergentes avec l’intelligence artificielle en fournissant des outils qui augmenteront la confiance. J’ai été inspiré par notre symposium interne durant lequel j’ai souligné le besoin de répondre aux défis actuels et futurs, tels que les menaces qui résultent du changement climatique, des pénuries d’énergie et des limites planétaires. Par exemple, on peut mentionner le besoin actuel de lutte contre la désinformation, la fraude, le chantage et la diffamation en détectant les deepfakes ou les textes générés automatiquement, comme ChatGPT, et, dans le futur, les trafics, la veille économique, la police criminelle, la sécurité nationale et l’aide humanitaire. Cela illustre le rôle des approches collaboratives impliquant différents domaines scientifiques et techniques.

De ce point de vue, comment envisagez-vous définir le positionnement de votre GRC par rapport à un groupe de recherche classique ?

SM : A mon avis, les GRC sont comme des centre dans des domaines d’impact spécifiques. Nous sommes des éléments complémentaires au service de transfert de technologie de l’Idiap de par notre approche plus large. Les GRC impliquent d’autres groupes de recherche par définition.

ES : Je suis d’accord, les GRC vont au-delà du fait de répondre à un besoin technique isolé. Nous apportons plus aux projets grâce à des perspectives multidisciplinaires. Un bon exemple du potentiel de cette approche est la collaboration avec le Musée de la main de Lausanne. Plusieurs groupes répondent ensemble aux besoins didactiques scientifiques du musée.

AF : En plus de ces éléments, je pense aussi que le GRC vont améliorer la cohésion stratégique de l’institut pour contribuer à répondre à de plus grands défis.

A propos de contributions, quels types de résultats attendez-vous pour votre GRC ?

AF : Une partie du but des GRC est d’intégrer la recherche dans et hors de l’Idiap. Nous espérons que cela catalysera le nombre de projets collaboratifs et augmentera maximisera l’impact sur le long-terme des thèmes stratégiques.

SM : En parallèle de cet impact sur le long-terme, j’attends également une approche très pragmatique, alignée avec les ressources de nos groupes. Le but est de répondre aux besoins immédiats et en même temps d’être très proactif pour créer de nouveaux outils. Cela pourrait être une opportunité pour l’Idiap d’établir un nouveau cadre logiciel comme le célèbre Torch [ndlr : une librairie logicielle développée à l’Idiap et qui a posé les bases de nombreux outils basés sur l’IA], qui sait ?

ES : Ces efforts vont également accroître la visibilité de l’Idiap. J’attends avec impatience de démarrer de nouveaux projets avec des partenaires externes et d’autres chercheurs de l’Idiap. Nous devons aussi garder à l’esprit que les GRC sont toujours en cours de développement. Le recrutement d’un quatrième groupe est toujours en cours.

Plus d’informations

- Programme de recherché Idiap 2021-2024
- AI for Trust, dirigé par Prof. Sébastien Marcel
- Human-Centered Robotics & AI, dirigé par Dr. Emmanuel Senft
- Neuro-Symbolic AI, dirigé par Dr. Andre Freitas